Les Nuages du New-Age (N°3 Morale)

Les Nuages du New-Age (N°3 Morale)

Les Nuages du New-Age (N°3 Morale)

Les vilains cathos

Alors Neale-God qui ne « juge » personne a tout de même les catholiques dans le nez. Il n’ose pas le dire franchement puisqu’il ne parle que de « LA Religion », mais c’est clair que c’est le catholicisme qui est visé (d’ailleurs Neale-Man n’en connaît manifestement pas d’autres !).

Et cette fois, il faut dire que la liste qu’il fait des « curiosités » de l’église de Rome est tout à fait juste, même si l’on note quelques oublis et quelques exagérations, probablement pour réconforter son Neale-Man, perdu dans son anticléricalisme, en partie dû à ses frustrations sexuelles dont la résolution occupe bien des pages et dont nous parlerons plus loin.

Je n’ai pas vraiment le courage d’ajouter les dérapages qu’il a manqués à ceux qu’il a repérés pour ne pas ajouter à son acharnement et obtenir de nouvelles approbations de Neale-Man, qui a probablement bien fait de devenir anthroposophe et de quitter Rome. En fait, tous ces discours sont typiquement anthroposophiques, et je me suis étonné de ne pas trouver de mention du nom d’Aleister Crowley parmi les références de Neale-Man et de son clone. Un disciple de Steiner ne peut pourtant pas ignorer le Grand Crowley, « Master Therion », « 666 », et dont la devise résume parfaitement le bouquin des Neale :

« FAIS CE QUE TU VEUX EST LA TOTALITÉ DE LA LOI »

Mais Crowley ne se prétendait pas inspiré par « Dieu », bien au contraire, puisque le nombre de l’antéchrist, 666, était sa « signature » à la suite d’une « nuit d’amour » avec la Bête de l’Apocalypse dans son manoir du Sussex, nuit qui est racontée dans la chanson Hotel California du groupe Eagles, vous vous souvenez ? « Such a lovely place », et « You can’t kill the Beast » !

Les rapports de Crowley et du Rock’n Roll ne se limitent pas aux Eagles. Il a sa photo sur la pochette de l’album « Sergeant Pepper´s Lonely Hearts Club Band » des Beatles, c’est le 5ème type à gauche. Et l’exemple des Beatles et des Eagles est significatif de l’aspect « cool » des satanistes, ce qui n’empêche pas les Stones, Madonna ou l’adorable Iggy Pop de s’en réclamer. John Lennon lui-même était un grand fan de Crowley. Les « Stones », quant à eux sont « Rolling » en opposition au rocher du Christ qui est supposé servir de base solide à la religion qu’il a fondé, ce qui suffit pour savoir que si la religion qui se prétend chrétienne est en pleine déconfiture, ça ne doit pas être la bonne, à moins de supposer que le Christ ait pu mentir, ce dont je vous laisse juge… Dans le même chapitre, le groupe KISS prétend que leur nom sont les initiales de « Knights In Satan’s Service » (des Chevaliers au Service de Satan) Les Neale sont vraiment très « soft » ! Mais on comprend pourquoi ils ne veulent pas parler d’individus aussi sulfureux…

Jésus revisité

Alors là, on bénéficie d’une distorsion par omission caractéristique, autant des cathos que des new agers !

Neale-God insiste pour que Jésus ait été un des Maîtres envoyés par Lui pour notre éducation bien que « notre vie ne soit pas faite pour qu’on apprenne », mais en est-on à une contradiction près ?

Donc, d’après lui, Jésus est venu nous dire, entre autres, de ne pas juger, et pour nous en faire spécialement la démonstration.

Les Neale ont oublié que le même Jésus a passé un certain temps à traiter les pharisiens d’hypocrites, et même de « sépulcres blanchis », mais ce n’était probablement pas des « jugements ». Pas davantage quand il tresse un fouet avec des cordes et qu’il vire à coups de ce fouet les marchands du Temple, même si cette fois on a bien l’impression qu’il a jugé, condamné et puni !!!

Pauvre Neale-Man ! C’est le piège de tous ceux qui veulent détruire les Traditions (dont les religions ne sont qu’un tout petit morceau !) : faire croire aux « religieux » qu’ils doivent être de doux agneaux tolérants et non violents. Blavatsky a utilisé ça en son temps contre les hindous en arrivant à leur faire avaler que leurs textes sacrés prônaient la non-violence alors que leur texte de base, la Bhagavad Gita (le chant du Seigneur) met en scène Arjuna à la tête de son armée et que Krishna (un avatar de Vishnou dont le nom évoque celui du Christ et qui l’a précédé…) le persuade par tous les arguments possibles qu’il doit attaquer l’armée ennemie… Après la manipulation des théosophes, les Anglais n’auront plus à se battre : les hindous se coucheront devant les fusils.

Pour l’instant, il n’y a plus que les musulmans qui défendent la noblesse de leur Allah, encore qu’avec des jihad dont les aspects akbar sont pour le moins discutables, ils deviennent les cibles de tous les « professeurs de tolérance » qui sont là pour expliquer qu’ils NE TOLÉRERONT PAS DES RELIGIEUX INTOLÉRANTS, et les chrétiens se sont le plus souvent laissé prendre, en oubliant que ce n’est qu’en cas d’attaque personnelle qu’ils doivent tendre la joue gauche, mais qu’ils doivent réagir en face des blasphèmes, comme avec les marchands qui transformaient le Temple en repaire de brigands.

D’un autre côté, puisque ni le mal ni la mort n’existent, les Neale n’ont aucun problème à accepter les meurtres, l’avortement, la shoah, donc les religieux vont pouvoir reprendre du poil de la bête !

La dichotomie humaine et le sexe

Puisque les deux Neale ne sont qu’un, j’imagine que Neale-Man aussi profite de cette fabuleuse dichotomie « divine ». En tout cas, au niveau humain, Neale-God fait beaucoup d’efforts pour le rassurer en ce qui concerne le sexe. Comme il est difficile de penser que Dieu soit un obsédé sexuel, les discours correspondants de Neale-God sont forcément tournés pour réconforter Neale-Man. Déjà, il est évident que Neale-Man est toujours à la recherche de sa femelle, que ce terme indique un individu isolé ou soit de nature plus collective, mais nous verrons ça à propos de ses trouvailles au sujet du mariage.

L’autre truc qui coince, c’est qu’il semblerait que Neale-Man ait de gros regrets de ne pas avoir pu se masturber continuellement quand il était moufflet, et qu’il aurait voulu voir ses parents vivre à poil et s’envoyer en l’air devant lui. Il se trouve qu’un de mes anciens collègues pratiquait ce que Neale-Man considère comme l’idéal sexuel : il avait eu deux gosses avec sa femme de l’état civil, et ils passaient tous les deux leur temps à partouzer avec un nombre impressionnant de partenaires « des quatre sexes », comme il disait. En rentrant chez eux, on enjambait des couples, variés mais actifs. Et bien sûr ils faisaient tout ça devant leurs gosses ! Eh bien, les gosses n’avaient pas l’air trop épanouis, le garçon était même lourdement autiste. J’imaginais en lisant les « Conversations » que son père n’avait pas dû penser à le laisser lui tâter les testicules pour qu’il expérimente le moment où elles se vident, et que le môme ait une vague idée de à quoi tout ça pouvait servir… Mon impression à l’époque, c’est que le pauvre gosse de 8 ans avait toutes les raisons d’être frustré en voyant des adultes s’amuser avec quelque chose qui n’était pas fonctionnel chez lui ! Comme quoi les précurseurs de Neale-Man non plus ne pensent pas à tout !

Le problème de la nudité universelle offre aussi à Neale-God l’occasion d’oublier qu’il n’est pas Neale-Man puisqu’il parle de « NOS » corps que NOUS cachons « par peur » et que NOUS devrions exhiber « par amour » ! À moins que Neale-God soit tellement le même que Neale-Man que lui aussi ait un corps… Un Dieu qui fait des lapsus, est-ce bien raisonnable ?

Le mariage pour la liberté, plus fort que le mariage pour tous

Un des grands moments du Tome 3 c’est la version du contrat de mariage inventé par Neale-Man pour épouser sa femme. Avec un gros pain, malgré tout : apparemment le catholique Neale-Man ne savait pas que le sacrement du mariage était accompli « par les époux eux-mêmes », puisqu’il présente ça comme une nouveauté. Et Neale-God ne le savait pas non plus !?!

C’est un trait de caractère parfaitement banal pour un Américain simpliste typique, de ne pas savoir de quoi il parle mais d’en parler avec beaucoup d’assurance. Dans le même domaine, si le problème de la masturbation le préoccupait autant, pourquoi n’a-t-il pas demandé à son curé de lui montrer les passages de la Bible qui mentionnent ce genre de « sexual immorality » ? Son curé aurait été bien en peine de les lui montrer, et ça aurait peut être eu l’effet de le décoincer aussi. Peut-être aurait-il découvert que saint Thomas identifie cette pratique au fait d’être efféminé, ce qui évite aux femelles d’en être coupables… ou lui aurait-t-on rappelé l’histoire d’Onan (d’où vient le mot onanisme) qui a osé un coïtus interruptus alors que la Loi juive lui faisait obligation d’ensemencer l’épouse de son défunt frère ? Mais si on doit maintenant trouver une partenaire pour se masturber, ça complique vraiment l’opération sans nécessité pour un plaisir réputé solitaire… En tout cas, Neale-Man aurait pu passer ses journées à secouer son zizi sans avoir à s’en confesser…En fait si Neale-Man est aussi frustré, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même, parce qu’il s’est laissé rouler par les « autorités » ecclésiastiques. Et on ne peut même pas invoquer moralement un gaspillage « écologique » de spermatozoïdes, puisque même un rapport hétérosexuel sans protection n’est pas « efficace » à 100% et quand il l’est, pour UN unique spermatozoïde qui produit un œuf, combien de millions terminent dans les toilettes ou la machine à laver ? Or les gamètes ne SONT PAS des êtres humains : ils n’ont pas le bon nombre de chromosomes ! Un avortement n’a lieu que quand l’ovule a été fécondé. Ça ne veut pas dire que la chasteté n’ait aucun intérêt au plan spirituel, puisqu’elle consiste à décider de jouer le jeu « hiérarchiquement », avec l’esprit en contrôle de son corps, mais ça n’est pas un impératif, et surtout pas un impératif moral : ce n’est qu’un choix d’ascèse personnel ! Incidemment puisque les psychologues nous disent que, d’après leur clientèle, tout le monde se masturbe, je vous laisse apprécier la puissance de la manipulation honteuse qui consiste pour les curés à faire culpabiliser tous les enfants à propos d’une pratique aussi courante (naturelle ?), et vous laisse à imaginer combien de Neale en ont conçu un gros ressentiment vis-à-vis de leurs prêtres…

Ce qui est nouveau en revanche, c’est le contrat qui garantit la liberté réciproque. Je sais bien que ca aurait été inattendu que nos Neale aient une idée un tant soit peu précise de ce qu’est la Liberté, mais c’est Neale-God qui l’encourage à ne pas s’engager dans une relation, engagement qu’il sera « obligé » de parjurer, puisqu’il ne peut pas connaître l’avenir ! Et cette fois, c’est Neale-God qui est en extase devant l’imagination de son alter ego humain! On bénéficie dans ce Tome 3 de l’intégralité du rite de mariage inventé par Neale-Man, et s’il n’y avait que cela de grotesque, ça serait déjà bien suffisant. Mais qu’est-ce qu’il en est fier, et Neale-God aussi !

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