Les Nuages du New-Age (N°6 Icke)

Les Nuages du New-Age (N°6 Icke)

Les Nuages du New-Age (N°6 Icke)

Il n’empêche que malgré l’avalanche de détails qu’il fournit à la suite de ses enquêtes, il a juste oublié qu’il avait, comme tout le monde (vous aussi !), la preuve que le crash du vol 175 de United Airlines, celui qui a descendu la deuxième tour était bidon. Ce crash, que tout le monde a vu en boucle à la télé, n’était pas celui d’un avion de United Airlines ! À cette époque les avions de United avaient le ventre bleu foncé, et celui que vous avez vu sur votre écran avait le ventre tout gris ! Tapez « vol 175 » sur Internet et vous aurez tous les documents voulus. Notre « expert », lui, en a vu de toutes les couleurs ? En fait, il lui a fallu l’enregistrement d’un commentaire d’un reporter de TV (Fox News) proche des Twin Towers, qui a déclaré au moment du crash du 175, que l’avion n’avait pas de hublots, et portait un logo circulaire bleu à l’avant, un avion d’un type qu’il n’avait jamais vu dans un aéroport. Un commentaire qui n’a bien sûr jamais été rediffusé par la station mais dont des copies existent sur des DVDs. Ce qui confirme que la meilleure cachette est de mettre ce que l’on veut cacher bien en vue, puisque personne ne sait plus voir !!!

C’est ce qui est attendrissant chez Icke. Il est tout à fait capable de remarquer que la caractéristique d’une « programmation mentale » réussie est que la victime ait l’impression de penser par elle-même. Mais de son côté il a nettement l’impression d’être libre de ses pensées, alors qu’il se manifeste comme un pur produit du scientisme des années 50 ! Ou comme un self-made-man intellectuel anodin avec sa fascination puérile typique pour les « nouveautés », même quand il en arrive à se demander si elles correspondent toujours à des « progrès ». Il a beaucoup tendance à faire remonter les débuts de la programmation mentale scientifique au développement des techniques électroniques et informatiques, ce qui paraît un peu tardif. L’école occidentale est réputée être née sous Charlemagne que Icke identifie comme appartenant à une de ses lignées. La crétinisation des chrétiens pendant les 8 siècles suivants montre assez l’efficacité des méthodes employées : les nouveautés absurdes par rapport aux évangiles ne manquent pas, qui défigurent l’enseignement du Christ. La révolution française, avec la divinisation des instituteurs, a également joué un rôle important. Mais le vrai « décollage scientifique » de la crétinisation de masse remonte à la combinaison de Wundt et de Pavlov, dont les théories ont été diffusées sur toute la planète à une vitesse fulgurante. Si Icke avait la moindre pratique de la déprogrammation, il saurait à quel point elle est longue et délicate. En remarquant sa manie de chercher indéfiniment des détails en loupant la « big picture » (comme dans le cas du 11 septembre), parce qu’il pense pouvoir la reconstituer à partir des détails en question, il pourrait se douter qu’il aurait besoin de se faire déprogrammer lui-même. Cette persuasion que l’analyse permette une synthèse est centrale dans l’hypnose matérialiste telle que Descartes l’a formulée. Or personne n’a lu Descartes, mais tout le monde est « cartésien » : où est la magouille ?

Au titre de ses fouillis intellectuels, par exemple, il n’a pas vraiment remarqué que la chimie est cousine de l’électronique puisque les molécules sont composées d’atomes dont les électrons sont, soit échangés, soit mis en commun dans les réactions qui produisent ces différentes molécules, et qu’il considère indépendamment les deux techniques. Tant qu’il pensera que les manipulations sont dues à des facteurs physiques ou psychologiques issus des technologies « hyper modernes » ou « alien », il n’avancera pas beaucoup, et restera un des porte-paroles privilégiés de ses reptiliens. Mais il a tellement de choses à nettoyer que ses maîtres ne risquent pas de le perdre de si tôt ! Je ne suis pas en train de dire que ces manips soient sans effets, mais elles ne peuvent aboutir qu’à des destructions psychologiques, c’est-à-dire à fabriquer des zombies, et les manipulateurs ont besoin de provoquer des suggestions autrement positives, comme ils le font depuis quelques siècles, sans matériel très sophistiqué et pourtant très efficaces. Ils reviennent notamment de l’idée de fabriquer des crétins par le tabagisme parce que leurs victimes sont trop azimutées pour leur être vraiment utiles.

Un excellent exemple de la façon dont Icke se fait trimballer, nous est fourni par ses considérations au sujet des vaccins. Comme tout le monde, il s’insurge contre les additifs. De là à penser que si on les supprimait, les vaccins seraient inoffensifs… Que fait-il donc des vaccins eux mêmes (microbes vivants, atténués, tués ou extraits de microbes) ? Encore le syndrome du cartésien type qui a perdu de vue le sujet de ses études pour se perdre dans les à-côtés. Et quelles étaient donc les « lignées reptiliennes » de Pasteur et Jenner ?

Icke reste un excellent exemple de l’ubiquité de la manipulation : de quelque côté que l’on se tourne, tant qu’on est À L’INTÉRIEUR du piège, on ne verra QUE le piège. Il faut d’abord EN SORTIR pour le voir ! Mais ce n’est pas avec les collections de suggestions hypnotiques qu’il a ramassées, qu’il a la moindre chance. Évidemment, la sortie passe par le gain de « la liberté de la pensée », mais il faut avouer qu’à ce point là, il est un excellent contre-exemple ! Sa conception de la « liberté », comme celle de la « pensée », sont des handicaps considérables pour qu’il puisse y arriver un jour.

S’il fallait des preuves de son incapacité mathématique et physique on pourrait utiliser ses interprétations d’une naïveté verticale des lectures des courbes de température dont il se sert pour faire la critique du réchauffement planétaire : « en novembre 2008, les moyennes de température chutent en raison d’un cycle solaire à faible activité » écrit-il, et il en déduit sur cette valeur ponctuelle (on ne sait pas sur quelle base est calculée sa « moyenne ») que le réchauffement est une escroquerie ! Les courbes qu’il montre sont des lignes brisées dont les segments montent et descendent alternativement, ce qui ne prouve rien ! Si les courbes étaient lissées à plus long terme, sur un siècle par exemple, on pourrait peut-être déduire quelque chose de la pente du graphe, parce que je n’ose pas parler de la dérivée des courbes en question dont Icke ne connaît probablement rien ! Mais quand Icke a quelque chose à démontrer il est d’aussi mauvaise foi que les scientifiques dont il se moque. Non que je sois un farouche partisan du réchauffement, mais même s’il devait être causé par le soleil, il n’empêche que l’expérience commune montre qu’en passant de la campagne à la grande ville on gagne quelques degrés ! Je me souviens d’être venu des environs de New York à la Big Apple et d’avoir vu la température monter de 8°C ! En venant de la grande banlieue à Paris je gagne régulièrement 4°C ! Dire que les activités humaines ne sont pas concernées montre un parti pris fatiguant. Il est évident que ce réchauffement n’est pas dû au seul CO2, puisque les villes utilisent des quantités d’électricité, pour l’éclairage, le chauffage, la climatisation, l’électronique, qui sont autant de sources importantes de chaleur sans fournir de CO2, mais je ne dis pas non plus que c’est suffisant pour réchauffer toute la planète. Le plus prudent serait de se contenter de dire qu’on a quelques indications que nous sommes entrés dans une phase de réchauffement dont on ne connaît pas grand chose. Qui a dit qu’en toutes choses il fallait savoir « raison garder » ?

Je vous invite à examiner ce que peut vouloir dire la phrase suivante : « Je crois à titre personnel que les étoiles sont en réalité des sas interdimensionnels à travers lesquels les énergies sont modulables depuis une autre dimension vers la nôtre. », ou simplement de savoir si elle veut dire quoi que ce soit ? Et même en y discernant les méandres mentaux de monsieur Icke, qu’est ce que ça peut bien apporter de nouveau ? Est-il à ce point jaloux de l’inventivité des scientifiques, quand il s’agit d’imaginer leurs hypothèses, qu’il se croit forcé de s’engager dans un concours de niaiserie ?

Autre côté charmant : dans sa grande largeur de vue supposée, Icke ACCEPTE toutes les religions (dont il n’a en fait rien à foutre, il a son petit Credo Mutwa bien à lui…), à condition que leurs partisans ne cherchent pas à imposer leur point de vue ! Mais que Icke fait-il donc de sa propre « religion » ? Sinon chercher à l’imposer en se félicitant des progrès de sa diffusion. Évidemment, les idées de Icke ne sont pas une « croyance », mais la Vérité elle-même ! Donc il n’a pas à la défendre agressivement, elle va s’imposer toute seule ! Connaît-on en Angleterre l’histoire de la paille et de la poutre ?

Ce qui serait bien, c’est qu’il montre qu’il les connaisse, au moins un peu, ces religions sur lesquelles il crache (à part les Zoulous !), mais il évite soigneusement d’entrer dans les détails pour ne pas être plus ridicule que dans le méli-mélo de son puzzle scientifique. Il n’a pas non plus peur de se référer aux « anciennes traditions alchimiques », répandues, selon lui, dans le monde entier à un « certain moment », sans avoir l’air de savoir qu’il touche là, sous ce nom, à quelque chose de spécifique au Christianisme et à l’Islam – d’ailleurs, il ne le sait peut-être pas –, sans que ses incursions rachètent le reste de sa « philosophie ». Curieusement, ces alchimistes dont la tradition remonte « aux dieux », ne font miraculeusement pas partie de ses reptiliens !!! Icke devrait ouvrir une agence de tourisme pour gogos : le « reptilien » Disney l’a déjà fait avec ses parcs d’attractions…

En ce qui concerne son chapitre sur le symbolisme, on a l’impression de lire du Texe Marrs, un allumé qui est une des références sur le symbolisme pour les Américains plongés dans les conspirations réputées « théoriques », et qui voit des symboles sataniques partout, même quand il n’y en a pas, et parce qu’il ne sait pas regarder ce qu’il montre… À le lire, tous les nombres, toutes les figures et les volumes géométriques sont sataniques ! Que ne milite-t-il pas pour l’interdiction des maths à l’école ?

Guy Berthault, un polytechnicien dont Icke n’a pas entendu parler, a fait des expériences qui tendent à montrer que les datations géologiques sont complètement farfelues. Malheureusement pour lui, il a été récupéré par les créationnistes protestants et catholiques traditionnels ce qui handicape beaucoup son image. En fait, ça l’a transformé en cible pour les bien pensants du Web. Mais Icke-je-connais-tout-depuis-des-milliards-d’années a tellement tendance à avaler ce qu’on lui raconte sur les seules bases de la façon dont ça alimente ses lubies, qu’il prend toutes les hypothèses pour argent comptant et croit tout ce qu’il a accepté de ses scientifiques sélectionnés, les autres n’étant que de vils manipulateurs ! En versant en vrac des sables de granularité différente dans un saladier en pyrex, Berthault a découvert que ceux-ci formaient des couches semblables aux strates que les géologues pensent avoir mis des milliards d’années à se déposer ! À la suite de cette découverte qui remet en cause TOUTES LES DATATIONS des archéologues et des géologues, on a appris fortuitement l’existence de baleines fossilisées verticalement dont le museau  était quelques millions d’années plus vieux que la queue, l’existence de pins gigantesques aussi fossilisés verticalement, toutes choses manifestement connues depuis quelques temps, mais jamais avouées, pour ne pas déranger les fidèles de la science géologique hypothétique, dont l’inévitable Icke ! Guy Berthault n’est que vice-président du CEP, le Centre d’Étude et de Prospective sur la Science, un titre qui devrait faire frétiller notre Icke, à moins qu’il n’ait découvert des racines hybrides reptiliennes à ce CEP ! Pour votre information, jetez un coup d’œil sur « évolution : science ou croyance ? » sur le site noevolution.org…

Mais son « point 28 » confirme explicitement ce dont on se doutait depuis un moment : le « miracle » de sa Perception infinie s’explique quand il nous avoue : « L’information m’est venue en suivant mon intuition qui m’a conduit, au nom d’une incroyable synchronicité,… ». Effectivement, c’est incroyable, ça vaut un gain au loto un jour sans tirage ! Mais Icke a l’amabilité de nous avouer la source de son immense connaissance, quoiqu’un peu poétique et délirante, des maths et de la physique : « La seule chose que j’aie retenue de l’algèbre, c’est que x = trouve-moi une fenêtre. ». Et c’est à ÇA que les gens font confiance !?! Évidemment, tout cela est subordonné à la découverte du cycle  « Ultradien », c’est à dire « relatif à un rythme biologique ou physiologique inférieur à 24 heures » ! Encore un mot snob (et que veut dire ultra ici ?) dont personne n’a besoin, sauf celui qui aurait lu : « le docteur Laurie Nadel dans son livre intitulé « Un sixième sens : comment libérer le meilleur de votre pouvoir mental » ». Un écho de « l’expérience la plus grandiose » des Neale ! Et Icke de nous citer un long extrait de cette prose, complètement hypnotique, qui explique ENTIÈREMENT le contenu de son bouquin ! Merci du tuyau, on n’a plus besoin de le lire !

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