LES ÉVANGILES INVISIBLES (03/15)

LES ÉVANGILES INVISIBLES (03/15)

LES ÉVANGILES INVISIBLES (03/15)

Ben, il en aura fallu des pages !

Mon terme initial est tellement galvaudé par les politiciens et les scientifiques que j’ai presque honte de le présenter. Heureusement, comme je l’ai indiqué, j’ai un précurseur au moins aussi célèbre que Socrate, et dont le nom a inspiré mes parents pour me donner un prénom.

saint-jean
Saint-Jean, le Disciple que Jésus aimait

En plus, il était connu comme LE « Disciple que Jésus aimait », et plus tard comme Jean le Théologien, une sorte d’insulte a son intelligence, alors qu’il était bien plus, ou qu’il est encore (puisque Jésus n’est pas encore revenu et qu’Il avait annoncé à Pierre qu’il « resterait jusqu’à ce que Je revienne »…), autrement dit, on devrait plutôt en parler comme Jean le Métaphysicien. Et le premier mot de son Évangile est ἀρχῇ, en grec ! En caractères latins ça donne arkhei (penser à archaïque ou mieux, à archétype), les latins l’ont astucieusement traduit par principio, ce qui devrait donner « principe » en français.

Donc, à mon unanimité des deux voix des deux Jean, je déclare que le mot initial pour comprendre tous les autres est :

Le seul mot qui suffit (en Français) : le mot PRINCIPE !

Mais avant la « bonne nouvelle » de son évangile (c’est le sens du mot en question), nous avions déjà reçu la « bonne nouvelle » d’une quantité de langues, qui sont autant d’ÉVANGILES Invisibles puisqu’ils n’ont jamais eu d’éditeur pour les publier : ils n’en avaient pas besoin… Leur inspirateur, leur rédacteur et leur éditeur sont une seule et même engeance…

Et donc nous allons nous en servir pour éplucher celui de Jean !

Dans la liste de synonymo.fr il manque aussi le mot « cause », qui lui, se trouve dans la liste des synonymes de « principe », mais hélas aussi avec « commencement ». Or on a vu, avec notre exemple de préparation à la promenade, que cette dernière est AVANT le commencement. Donc, puisqu’on a pu observer une incongruité dans leur premier exemple, on est en droit de déduire que la préparation des listes de synonymes par ce site n’est pas fiable, ou simplement qu’elle n’a pas eu lieu !

L’ennui c’est qu’ils ne sont pas les seuls à confondre « principe » et « commencement ». C’est même la traduction la plus fréquente de Jean 1:1 : « Au commencement… », au lieu de « Dans le principe… » ! Une bourde digne ou typique (c’est vous qui voyez…), des théologiens. On y reviendra…

Socrate, au secours !

Mais restons donc sur notre principe et appliquons la méthode qui a si bien réussi à Socrate d’après la recension que Platon a faite du célèbre Banquet.

Êtes-vous un des rares à l’avoir lu ?

Alors sautez au # un peu plus loin (non, il n’y a pas de hash tag, ça n’est qu’un dièse, n’en faites pas un bémol… !)

Donc c’est une soirée entre potes, apparemment jeunes et beaux, peut-être même gais puisqu’ils sont Grecs (!), parce que Socrate s’est mis sur son 31. Et voilà-t-y pas qu’ils causent de l’Amour. Et tous ces beaux jeunes gens en racontent n’importe quoi, encore que des « initiés » des siècles suivants y trouveront des justifications de leurs doctrines « ésotériques » et mystérieuses. Arrive le tour de Socrate. Il commence par féliciter les orateurs de leur imagination et de leur érudition, et déclare que, bien que n’ayant pas leur impressionnante expertise, il a l’air de manquer quelque chose dans leurs exposés, et qu’il va se risquer à le soumettre à l’assemblée.

Banquet de Platon
Le Banquet de Platon (Anselm Feuerbach)

« L’amour est-il simplement l’amour, ou l’amour DE quelque chose ? »

LE détail que tous les orateurs précédents avaient omis ce qui rendait un peu futiles toutes leurs élucubrations abstraites…

Socrate aurait même pu dire qu’il faut qu’il y ait une source à l’Amour, mais c’était implicite dans les discours précédents et ça aurait pu paraître impoli…

# On reprend… Alors demandons-nous si un principe est simplement un principe ou le principe DE « quelque chose » ?

En dehors de « cause » il y a un synonyme d’usage plus fréquent, mais qu’il faudrait débarrasser de ses effluves probabilistes, c’est le mot « possibilité ».

Un exemple simple, fait comprendre les nuances entre une possibilité et une probabilité. Le Loto !

Vous pouvez y jouer ou non, et si vous y jouez, vous pouvez gagner ou non. Il y a donc trois possibilités en tout : ne pas jouer, perdre ou gagner.

Occupons-nous des probabilités si vous voulez bien. Si vous ne jouez pas, vous pouvez malgré tout ramasser le billet d’un joueur perdu sur un trottoir, et bien qu’on puisse s’accorder sur le fait qu’en ne jouant pas, votre probabilité de gagner soit nulle, elle ne l’est peut-être pas tout-à-fait, sauf qu’une fois le billet ramassé, vous êtes devenu un joueur. Or on n’a jamais dit qu’il fallait payer son pari ! Si donc vous jouez, le nombre des combinaisons possibles de 5 boules parmi 49 est de 49×48×47×46×45/5/4/3/2/1=1906884. Ajoutez-y un numéro-chance sur 10 et on passe à une vingtaine de millions. Ça peut vous expliquer pourquoi il n’y a pas de gagnants à chaque tirage… La probabilité est donc de 1 sur 19.068.840 ! Alors qu’on avait une possibilité sur trois au départ. Sauf que chacune de ces possibilités était une certitude logique, alors que les probabilités sont des « tentatives d’évaluation de notre ignorance » pour reprendre la formule judicieuse de mon prof de probabilités. Donc les possibilités concernent la logique, ce qui est également le cas des causes et des principes alors que les probabilités concernent des calculs de rapport sur des quantités, issues d’un examen combinatoire, ou pire, de mesures statistiques.

C’est aussi la nuance entre la logique et la raison, c’est-à-dire l’établissement d’un « rapport ».

Or on a coutume de parler de « rapport logique », sauf qu’il n’y a pas moyen de comparer une cause et son effet parce qu’ils sont de nature différente : votre préparation n’a rien d’une promenade. Les logiciens disent que « le rapport de cause à effet n’est pas rationnel » ! Donc ils s’en sont aperçus ! Sauf que leur énoncé signifie que la logique et la raison ne sont pas la même chose puisque les éléments de l’une n’ont rien à voir avec ceux de l’autre.

Ça aussi il va falloir s’en souvenir !

En pratique, la raison va concerner la « chronologique », c’est-à-dire à peu près l’inverse de la logique puisqu’elle met en rapport deux éléments de même nature spatio-temporelle. On verra que c’est aussi l’acception habituelle du mot « cause » et que cette acception ne permet pas d’élucider grand chose, donc ce ne sera pas la nôtre…

Revenons au fait qu’un principe soit le principe de quelque chose. Ou qu’une possibilité soit la possibilité de quelque chose.

On a remarqué, en se baladant, que si on se promène, c’est qu’on a préparé cette promenade. Autrement dit si on constate un effet, c’est qu’on peut avoir la CERTITUDE que sa cause « logique » est une possibilité « réelle », ou vraie !

Regardez autour de vous (ou même simplement autour de votre corps si vous vous y identifiez…). Vous constatez un univers ou au moins l’existence de ce texte que vous lisez. Donc, sans savoir quel degré de réalité on peut attribuer à cette constatation, vous devez admettre que l’univers que vous percevez a une possibilité de se manifester. Les corrélatifs de principe, cause ou possibilité sont : manifestation, effet, existence, expression, conséquence, réalisation, produit… entre autres. Plusieurs de ces mots indiquent des éléments de leur nature.

Par exemple, l’ex–ist(ence) indique qu’il s’agit de quelque chose qui « est-à-l’extérieur », la réal–is(ation) parle d’une chose (réal– de res en latin qui veut dire chose et dont on a fait réel), mais nous verrons qu’il vaut mieux ne pas limiter cette notion à la seule matérialité.

Quoi qu’il en soit un Principe, ou une pure possibilité, de nature différente de ses effets, n’« existe » pas et n’est pas « réel » au sens que l’on vient d’utiliser… Alors comment peut-on en parler ?

L’existence de l’univers qu’on vient de constater de façon globale peut être considérée différemment. Vous savez que vous êtes conscient de quelque chose, donc la conscience et la chose sont (ou ont) une possibilité. Cette conscience est alimentée, le plus souvent, par les perceptions de votre corps. Donc ces perceptions aussi ont la possibilité d’exister. Les perceptions elles-mêmes sont alimentées par l’univers, donc la transmission d’information, en l’occurrence par des ondes visuelles, sonores et autres, fait également partie des possibilités. Et enfin ce fichu texte, qui peut paraître impossible, est pourtant bien réel et en tant que tel exprime aussi une (sa !) possibilité.

Et tout ce fourbi a un environnement dont on n’a pas besoin de connaître les limites pour savoir qu’il est « possible » également.

Il y a d’autres choses qui sont possibles dans l’inventaire qu’on vient de faire ! Ce sont les localisations des différents éléments dans l’espace et dans le temps. Votre corps a la possibilité d’être où il est, le texte également, comme les ondes visuelles allant du texte à vous.

On vient de constater qu’on peut décrire notre scène globalement (l’univers) ou la décomposer (conscience, perceptions, objets, et leurs localisations)… en en faisant une série de considérations. Alors quelle est la considération qui a le plus de chances de correspondre à la vérité puisqu’il va peut-être falloir choisir entre ces deux descriptions !?

Or ce que nous venons de FAIRE c’est : considérer deux « aspects » de l’univers. Donc ces deux considérations sont possibles et légitimes ! Et nous pouvons les considérer aussi bien l’une que l’autre, tout autant que notre texte ou le reste de l’univers.

Et s’il fait nuit, allez dehors. Avec un peu de chance, il n’y a pas de nuages et vous pouvez voir extrêmement loin. Donc notre possibilité de con-sidération est parfaitement nommée. Elle va même plus loin que les étoiles puisqu’elle va jusqu’au Principe qui est encore « plus loin »… puisqu’il n’est nulle part dans l’univers ! Comme on l’avait indiqué !

En effet, pour parler de localisation, il faut avoir un espace, ou une durée, or le Principe en est bien la possibilité, mais seulement la possibilité ! Lui-même n’a ni espace, ni temps… Pourtant on vient de le considérer, depuis un certain nombre de paragraphes, même ! Mais nous verrons qu’en continuant notre examen du mot Principe, on pourra arriver à comprendre pourquoi nous sommes capables de parler de quelque chose d’impalpable, mais finalement plus « réel » que le réel « existant », puisque ce dernier ne peut exister sans sa possibilité préalable, alors que sa possibilité se fiche que le réel « existe » (soit manifesté) ou non ! Également, comme ce principe est hors du temps (ou avant lui !), é–ternel, on ne peut pas considérer le moindre aspect chronologique, ce qui nous débarrasse du sens habituel du mot cause, et indique déjà que ceux qui n’y voient rien d’autre n’ont AUCUNE CHANCE DE COMPRENDRE quoi que ce soit de ce dont on est en train de parler et qu’on va développer !

En passant, si ce Principe est le Principe de bien d’autres choses, il est en même temps son propre Principe, sa propre possibilité, un reflet de la conscience, consciente d’elle-même ! Et nos considérations aussi sont un peu du même genre puisqu’elles peuvent se considérer elles-mêmes… Il y a évidemment une grosse nuance, mais on la verra plus tard !

Terminons-en avec cette pluralité de considérations pour un sujet donné. Ce qu’elle démontre, c’est que l’univers n’est pas composé d’éléments à la façon d’un ensemble des mathématiques modernes, mais que c’est une continuité, à la façon des Indiens d’Amérique du Nord pour qui : « Tout était lié » !

Ce que savent, sans le revendiquer, les auteurs de dictionnaires, puisque tous leurs mots sont reliés par leurs définitions en formant un réseau inextricable ! Et indémontable : on ne peut pas retirer le moindre mot sans provoquer une perturbation considérable…

Ce que savent aussi les physiciens qui sont au courant de la gravitation universelle ! La tablette ou la feuille où s’affiche ce texte reçoit l’attraction de l’intégralité de l’univers, et si un physicien prétend que c’est négligeable à partir d’une certaine distance, ce n’est que sa considération, et en l’espèce un jugement de valeur qui lui est tout-à-fait personnel ! D’autant que lui devrait faire partie de ceux qui croient à l’Effet Papillon…

Et illustrons-le précisément avec des maths, et plus précisément même, la géométrie. N’ayez pas peur ça n’a mangé personne ! Tracez (ou imaginez le faire) un rectangle disons de 1 cm sur 4 cm. On peut évaluer ou mesurer sa surface en lui superposant 4 carrés d’un cm de côté. Ou 400 carrés d’un mm de côté. Ou 400 millions de carrés d’un micron ! Ou bien davantage, tant qu’on utilise des carrés, aussi petits soient-ils, en évitant de descendre jusqu’à des points. Car comme ceux-ci n’ont pas de surface, ils ne peuvent pas servir à en mesurer une. Imaginez (ou dessinez) maintenant une courbe quelconque en forme de patate et essayez d’utiliser les mêmes étapes pour en mesurer la surface. Vous avez un problème : soit les carrés débordent, soit ils ne recouvrent pas la patate. On va donc faire deux mesures : une avec des carrés qui recouvrent et débordent, et une avec des carrés timides qui ne débordent pas. La vraie surface de la patate est évidemment comprise entre vos deux mesures. Et l’erreur est de l’ordre de la différence entre les deux mesures. Cette erreur diminue avec la taille des carrés que vous utilisez. Et elle pourrait être nulle si les carrés de mesure avaient des tailles nulles, mais alors ils ne seraient plus que des points et on a vu qu’on ne peut rien mesurer avec ça. En revanche on peut considérer nos carrés comme aussi petits qu’on le veut tant que leur surface n’est pas nulle. Et la surface que l’on cherche sera la « somme intégrale » de tous ces carrés minuscules et d’autant plus précise qu’ils seront plus minuscules. (A suivre…)

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