Les Nuages du New-Age – N°1 Walsch
Les Nuages du New-Age
À propos des « Conversations avec Dieu » de Neale Donald Walsch, du « Guide David Icke de la Conspiration Mondiale » et des lignées de Springmeier
N°1 Walsch
La Fontaine, pour s’abreuver en guise d’apéritif
… « Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute,
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Le Renard de la fable adresse donc « des louanges exagérées et intéressées » (la définition de wikipedia) au Corbeau du bon La Fontaine, et pour que celui-ci l’écoute, il est bien forcé de dissimuler ses mensonges. Or la recette est, paraît-il la suivante : il faut dix vérités pour dissimuler un mensonge.
Mais on peut l’améliorer en utilisant 990 vérités pour dissimuler 10 mensonges, et l’améliorer encore pour que neuf des mensonges soient cachés (c’est à dire non exprimés ou implicites), ce qui risque de remettre en cause les 990 vérités, mais sans que cela se voit.
C’est l’impression que j’ai eue en lisant les « Conversations avec Dieu » de Neale Donald Walsh : manifestement, tout peut y être vrai, et c’est pour cela qu’elles ont été traduites en 24 langues et ont touché des millions de gens.
D’un autre côté, Coca Cola vend des millions de litres d’une boisson qui ne favorise pas la santé de ses millions de clients qui en aiment simplement bien le goût : la popularité est-elle vraiment un critère ?
Ces conversations mettent en scène un dialogue entre Neale-God et Neale-Man qui insistent pour nous dire qu’ils sont UN. Mais n’est-ce pas la même fable que celle de La Fontaine avec son Neale-God-Renard et son Neale-Man-Corbeau ?
Si vous n’avez aucun doute sur l’authenticité des protagonistes, vous pouvez éviter de lire ce qui suit. Dans le cas contraire, peut-être y trouverez-vous les moyens de sortir de votre léthargie !
Il est indéniable que nos deux Neale sont très astucieux et brillants, c’est pourquoi l’examen de leurs bavardages doit être très minutieux : le diable n’est-il pas dans les détails et l’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ? Mais pour les Neale, le diable est juste fidèle à sa réputation en nous assurant qu’il n’existe pas, ce qui garantit que l’enfer n’existe pas non plus ! Tout ceci étant affirmé de la façon la plus insistante par Neale-God…
Ça vaut le coup de regarder de plus près, non ?
Car si j’ai bien lu ce que répète Neale-God, je suis aussi Lui, et Il ne peut pas m’en vouloir de douter de Ses révélations trop extraordinaires pour que je n’y trouve pas des surprises, puisqu’Il n’en veut à personne… Avec une telle bénédiction, j’aurais tort de ne pas en profiter !
Confusion N°1 : le psychique et le spirituel
Le moins qu’on puisse dire c’est que les déclarations péremptoires à propos de tout et de son contraire sont de nature à induire et propager quelques confusions. La première qui se remarque n’est pas bien nouvelle, et Neale-Man devrait en être au courant puisqu’il nous explique qu’il est catholique et même qu’il l’est resté après le concile Vatican II, dont il n’a remarqué que le changement de régime alimentaire pour les vendredis : on ne mange plus de poisson ! La superficialité des catholiques a quelque chose de confondant !
Cette confusion du psychique et du spirituel a été inaugurée par un des premiers conciles quand il a annoncé que l’homme n’était composé que d’un corps et d’une âme. Avez-vous perdu l’Esprit ? Eh bien oui ! Ça commence mal !
Jusque là, comme l’indiquent les Neale qui le rétablissent, on avait trois parties dans l’homme : le corps, l’âme et l’esprit. Mais dans leur premier Tome, l’âme et l’esprit sont interchangeables, et quand la situation se stabilise dans le Tome 3, ils sont inversés par rapport à tout ce qui avait été dit depuis des millénaires, et quelle que soit la religion (ce qui n’est pas de nature à ébranler Neale-God !) : on utilisait même l’expression « l’âme de l’âme », pour parler de l’esprit en les différenciant. L’âme est proprement « ce qui anime », or l’âme est elle même animée puisque nos pensées peuvent changer. L’esprit est étymologiquement la partie la plus légère d’un composé, ce qui se retrouve dans les spiritueux, dont les esters qui leur donnent leur odeur sont les composants les plus légers des liqueurs en question. Depuis la confusion dont on parle, à la mort, on rend indifféremment son âme ou son Esprit à Dieu. De toute façon depuis les premiers siècles après Jésus, si on sait ce qu’est le corps puisqu’on le voit, le reste, qui ne se voit pas, peut être indifféremment l’âme ou l’esprit. En tout cas pour Neale-God, nous sommes des âmes et la situation de notre esprit n’est pas très claire en dépit de son cours sur la localisation de l’un et de l’autre par rapport au corps, laquelle tend à contredire les écritures hindoues, que de toute façon, Neale-Man ne connaît manifestement pas. D’ailleurs il ne connaît (et encore) que certains textes chrétiens et New Age, et d’une façon particulièrement sélective, la sélection se limitant à ses « questionnements » personnels qui ne vont pas aussi loin qu’il le croit. Les deux Neale feraient bien de re-consulter la Genèse, dont Neale-God nous dira probablement qu’elle n’est pas de Lui (c’est pratique, ça rappelle les cours de récré à l’école primaire), pour constater que l’esprit de l’homme vient du souffle de Dieu qui anime la glaise de « l’âme vivante » qu’il appellera l’homme, et donc que la partie divine de l’homme est bien son esprit, et son âme n’est que ce qui anime (c’est le sens du mot lui-même comme on vient de le voir) son corps.
Descartes s’est aussi battu avec ces notions pour finir par décider que ce qui n’était pas le corps était l’âme, ce pour quoi il a eu l’absolution de l’église qu’il a souvent eu l’hypocrisie de chercher…
Les natures relatives de l’âme et du corps sont donc bien fondamentalement différentes et la confusion des deux ne peut amener qu’à en déduire des âneries ! Notamment au sujet des réincarnations dont nos deux Neale sont si friands.
Pour fixer les idées, les deux parties invisibles de l’homme sont humaine pour l’âme et divine pour l’esprit, donc individuelle pour la première et universelle pour la seconde, et s’il doit y avoir « réincarnation » ça concernerait bien plutôt l’esprit que l’âme !
Cette confusion se marie très bien avec la confusion suivante…
Confusion N°2 : la métaphysique et la physique
Les deux Neale parlent dès le Tome 1 de « métaphysique » en montrant clairement qu’ils n’y connaissent rien, ce qui leur permet de poser leur conclusion dès l’hypothèse : on dirait du saint Thomas d’Aquin !
« Méta-physique », un mot grec qui exprime nettement quelque chose « au-delà » du monde physique, et le « physique », pour les Grecs, c’était intégralement le domaine du mouvement ou du changement. Donc la méta-physique est le domaine au-delà du mouvement et c’est donc le domaine où rien ne bouge. Or pour les deux Neale, tout bouge aussi là-dedans, puisque Neale-God aussi « évolue ». On saura, tout à la fin du Tome 3 que « ce qui ne change pas, c’est le changement lui-même qui ne cesse jamais » !
Aristote, un Grec que Neale-Man n’a pas l’air de connaître et que Neale-God ne mentionne pas non plus, avait au moins compris un truc en métaphysique, c’est que, pour qu’il y ait du changement un peu précis, il fallait que la cause de ce changement soit elle-même immuable, et c’est son histoire du « moteur immobile ».
A part ça, même Aristote, qui n’était pas un cador en métaphysique non plus, en dépit du sous-titre de son traité « Des Causes Premières » que les Grecs avaient rebaptisé « La Métaphysique ». Son titre original aurait dû être le Traité Des Causes Ex-æquo puisqu’il y avait plusieurs premières !
Ce cafouillage devrait pourtant plaire à nos Neale ! Mais il est surprenant que Neale-God ne montre nulle part qu’il en connaisse plus que Neale-Man, puisqu’il se limite à la culture du new ager américain de base, banal et simpliste, en vrille au milieu de ses confusions accumulées au cours de ses talk shows avec d’autres Américains non moins confus. Comme si, quand Neale-God assure que lui et Neale-Man ne sont qu’Un, il fallait prendre cette affirmation au pied de la lettre, et que Neale-God ne soit que l’émanation des interrogations de Neale-Man qui est donc en train de se parler à lui-même, ce qui fait penser au film « A Beautiful Mind » (en français Un Homme d’Exception) où Russel Crowe dialogue avec une tripotée de personnes, dont on découvre qu’elles n’ont d’autre existence que celle que Crowe leur attribue. Encore que les fantômes de Crowe, eux, lui apprennent vraiment des choses nouvelles, ce qui n’est pas le cas de Neale-God qui ne fait que passer en revue et re-phraser les confusions de Neale-Man.
Cette obsession du mouvement n’a pas de quoi surprendre depuis que les matheux ont fait « évoluer les maths » avec leurs arnaques comme les géométries courbes non euclidiennes. Il n’insistent pas trop sur le fait qu’ils ont eux-mêmes démontré que ces géométries n’étaient que des cas particuliers d’espaces, et même de sous-espaces euclidiens (et donc n’apportaient rien de nouveau) ce que la culture mondaine des Neale ne leur a pas permis de savoir, et ils peuvent s’imaginer que les maths elles-mêmes peuvent « évoluer » au point qu’un jour 2+3 ne fera plus 5, si on trouve un prestidigitateur pour en faire la démonstration. J’ai le regret d’en revenir à mes Grecs, mais pour eux, les mathématiques étaient les Idées de Dieu et en tant que telles, elles étaient immuables et un mathématicien pythagoricien était censé contempler ces idées pour en faire la « dé-monstration » (les montrer à l’extérieur…) à son public !
En fait, comme pour la première confusion, nous sommes ici en face d’une INVERSION totale, puisque, d’après Neale-God le temps n’existe pas ! Alors que c’est une condition de l’existence de l’univers physique, et qu’il montre même dans le Tome 3 que c’est un déguisement de l’espace ! Or c’est le temps qui permet les mouvements dont les vibrations ne sont qu’un cas particulier. Donc pour Neale-God, c’est l’univers physique qui est fixe pendant que le domaine spirituel est en mouvement. Les inversions sont typiquement la signature de Lucifer, et nous en retrouvons la patte à chaque paragraphe des conversations. En tout cas, luciférienne ou pas, cette inversion invalide la totalité de leurs textes !
Quoi qu’il en soit, cette idée de moteur immobile se retrouve aussi en Chine, mais Neale-Man n’a pas lu le Tao-Te-King et donc Neale-God ne lui en parle pas ? Mais aussi en Inde, et là encore les deux Neale n’ont pas lu les Védas . C’est aussi dans l’Islam, mais là c’est un domaine « touchy » et soigneusement évité par nos deux compères. Une fois de plus leur métaphysique n’est que de la physique, et vice-versa, ce que confirme l’examen de la confusion suivante.