Artemisia Annua : loupé à propos du cancer et de l’allopathie traditionnelle chinoise sur alternativesante.fr

Artemisia Annua : loupé à propos du cancer et de l’allopathie traditionnelle chinoise sur alternativesante.fr

Loupé à propos du cancer et de l’allopathie traditionnelle chinoise sur alternativesante.fr

Natur WirkstoffeAllez vite sur ce lien. Heureusement que j’ai des copains pour m’avertir… vous y saurez tout (ou presque) sur l’Artemisia Annua, une plante aromatique qui a été utilisée depuis des lustres par la médecine chinoise. Évidement, ils en ont isolé le principe actif qu’ils ont appelé l’artémisine qui vient donc de devenir un élément important de votre culture médicale !

« En la combinant avec du fer, elle éradique jusqu’à 98% des cellules cancéreuses » ! 98% ?!?

C’est mon côté teigneux : pourquoi reste-t-il 2% qui ne veulent pas mourir dans les premières 16 heures ? Et vont-elles mourir un jour ou vont-elles réensemencer le cancer ce qui fait qu’une deuxième prise n’en tuera pas autant…

L’artemisia annua, comme vous le savez n’est PAS l’armoise « vulgaire » également pleine d’artémisine et certaines de ces variétés d’armoise sont très toxiques.

D’autre part, la plante doit être associée à du fer, donc bio disponible, pas de la limaille ou de la rouille, et les recommandations portent sur Feralim de Lorica, Fer ou Ferryon de Catalyons, ou bien le bisglycinate ferreux.

Pour des gélules de 250 mg (2 à 4 par jour) allez voir les labos Bimont !

Mais le document cité en référence est très amusant : il donne toutes les combines pour faire pousser votre artemisia comme un grand, et même les adresses ou se procurer les graines. C’est 4,25 € les 50 ! Heureusement que la sécu n’est pas au courant que c’est aussi bon marché !

Sur le même document vous trouverez un paquet de questions de lecteurs auxquelles a répondu prudemment Alexandre I., lequel demande malgré tout au lecteur anonyme mais envahissant de bien vouloir s’identifier et qui finit par le faire !

Bien sûr tout ça est extrêmement scientifique, la preuve : « l’artémisine arrête le facteur de transcription « E2F1 » et intervient dans la destruction des cellules cancéreuses du poumon, ce qui signifie qu’elle présente un moyen de transcription selon lequel l’artémisine contrôle la croissance des cellules cancéreuses » !

Et puisque c’est scientifique, on a droit aux inévitables statistiques qu’il va falloir interpréter, en notant qu’elles sont obtenues in vitro : 75% en 8 heures et « près de 100% » en 24 heures ! Si on fait bouillir les cellules cancéreuses elles meurent toutes (100%) bien plus vite !

Présentée comme issue de la médecine traditionnelle chinoise, la découverte de son efficacité, au départ sur le paludisme, remonte à un programme « secret » initialisé par Mao en 67 (pas très traditionnel donc !) bien qu’il paraisse que le Qinghao (son nom chinois) était connu pour son efficacité sur la fièvre récurrente.

Youyou Tu (désolé, aucun jeu de mot !), la pharmacienne en charge de l’étude a finalement trouvé en 71 comment traiter des souris et des singes avec une « efficacité de 92% » ! Puis elle déclare que 21 patients humains impaludés ont été « guéris à 90% » (allez savoir ce que ça veut dire …)

Ce n’est qu’en 2011 que l’OMS conseille l’artésunate pour le paludisme grave de l’enfant.

Pourquoi ne pas être enthousiaste à 100% ?

Même traditionnelle, la médecine chinoise comporte de nombreuses spécialités caractérisées par leur processus thérapeutiques (et non par les organes visés, comme nos spécialités occidentales) dont le plus connu est l’acupuncture. L’« utilisation des poisons », qui correspondrait à notre allopathie, concernait des médecins initiés taoïstes de hauts grades, dont il ne semble pas que Youyou fasse partie puisqu’elle doit recourir à des expériences.

Comme pour l’acupuncture, l’occidentalisation de la médecine traditionnelle chinoise ou de la médecine ayurvédique hindoue, se ramène à des « recettes de cuisine » dont on a constaté accidentellement des résultats statistiques puisque la connaissance de leur fonctionnement a été perdue. Ce qui nous ramène à la façon de procéder de nos toubibs ordinaires.

On est donc confronté à la roulette russe, même à partir de chinoiseries. Et comme nous n’avons apparemment pas encore assez de recul pour certifier l’absence d’effets secondaires, je ne suis pas plus enclin à vous suggérer de vous jeter sur l’artémisine que sur d’autres miracles forains. D’autant que d’après le courrier des lecteurs, si l’efficacité n’a été « démontrée » que dans des cas de cancers des poumons, les malades d’un autre cancer ont tendance à vouloir l’utiliser ! Le désespoir fait faire bien des choses.

Un des courriers le plus étonnant vient d’un fumeur qui demande si les cures d’artémisine peuvent lui permettre de continuer à se tuer avec ses cigarettes !

Les prescriptions ont tout le sérieux de l’allopathie : 500 mg à 1 g par jour pendant 3 semaines pour une cure et une autre après une semaine d’interruption, et on regarde ce qui s’est passé ! Mais on apprend ailleurs que la prise d’artémisine doit être précédée d’une prise de fer pendant une semaine et qu’il peut falloir plusieurs mois avec des interruptions d’une semaine par mois pendant lesquelles vous vous gavez de vitamine C, le tout sans savoir à qui on s’adresse…

De toute façon, comme votre toubib n’en n’a jamais entendu parler et que les conseils de votre vendeur de suppléments ne sont pas plus documentés, vous en êtes réduits comme d’habitude à la méthode Coué ! Pardon ! À l’« effet placebo » ! Ou à l’avis de votre voisine de palier à qui ça a réussi…

Pour l’instant nous n’avons pas de signalisation d’accidents à la suite de cures d’artémisine, donc, soit il n’y en a pas eu, soit personne ne nous a prévenus : vous êtes donc encore en lice pour être le premier à témoigner d’un pépin (évitez quand même d’en mourir sans avoir eu le temps de prévenir, s’il vous plaît).

J’aimerais bien, moi aussi que l’artémisine soit le miracle que nous attendons tous pour qu’on puisse continuer à fumer et à bouffer n’importe quoi sans risquer de cancer, Mais je préfère m’en tenir à ma forme de « principe de précaution » en m’en tenant à l’information d’Hippocrate : « Votre aliment est votre meilleur remède », qui part d’une base qui semble raisonnable, que nos corps sont faits de ce qu’on a bouffé, et qu’il n’y a probablement qu’à ça qu’on doive faire attention.

Et ça, c’est de la médecine traditionnelle grecque !

Ce qui prouve qu’il y a 25 siècles l’Occident n’était pas si con qu’aujourd’hui.

Ce qui est aussi le sujet de mon dernier bouquin « L’Hérésie Agnostique » comme de l’expérience pour laquelle je cherche des cobayes un peu particuliers (cherchez « protocole » ou « 25 siècles » ou « expérience » sur ce site)

Quoi qu’il en soit, Alternative Santé a encore parlé d’un truc utile que vos tabloïds ont loupé, et c’est pour ça que je les relaie !

 

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